wpf41bb90b.png
Revenir à la page "Préhistoire dans le 65".

N°2 - Les mains de Gargas

Dans le monde, une vingtaine de grottes possèdent des mains peintes, mais seules quatre de ces grottes ont la particularité d'avoir des empreintes de mains « mutilées », il s'agit de Gargas et Tibiran (Hautes-Pyrénées), grotte Cosquer (près de Marseille) et Maltravieso (Espagne).

Gargas

A Gargas, on dénombre plus de 200 mains (dont plus d’une centaine de noires, 85 rouges, 4 blanches et 1 ocre), mais beaucoup ont disparu, entièrement délavées. Certaines apparaissent ou disparaissent selon le taux d’humidité ou la saison… Les mains blanches et la main ocre sont visibles sur le grand panneau des mains à la fin de la visite (demandez au guide). Les mains noires sont faites avec de l’oxyde de manganèse et les rouges avec de l’hématite. Il y a des mains adultes, mais aussi des mains d’enfants et de bébés (plus rares). Elles sont toutes négatives (on souffle la peinture et on enlève la main) et il y a une majorité de mains gauches.

Ce relevé des mains de Tibiran a été réalisé en 1986 par André Clot et Jean Barragué.

Tibiran ne se visite pas, aussi ces photos offertes à notre site par Jean Barragué sont tout à fait exceptionnelles.

Revenir à la page "Préhistoire dans le 65".

Les trois mains dites de la « découverte » sont les premières mises à jour en 1906, et surtout communiquées au grand public. En réalité, on est quasiment sûrs que les mains étaient déjà connues au XIXe siècle, mais personne n’avait compris qu’elles étaient l’oeuvre d’hommes préhistoriques, la grotte étant chargée d’inscriptions et de signatures dont certaines remontent au XVIe siècle.

Une dizaine de mains mutilées ont été découvertes par Jacques Jolfre (en 1956) dans la grotte voisine (et pourtant méconnue) de Tibiran. Aucune de ces mains ne se superpose à celles de Gargas, elles sont donc pour le moment considérées comme l'oeuvre d'autres individus.


Pourtant, la grotte de Tibiran n’est située qu’à 200 mètres environ de celle de Gargas !

Tibiran

Il existe trois hypothèses sur la mystère des mains « aux doigts incomplets » :

Première hypothèse : Certains supposent des mutilations volontaires de doigts, comme cela se pratiquait encore récemment dans certaines tribus (on coupe une phalange en cas de deuil). Mais là, c’est difficilement compréhensible car les mains sont une des seules richesses de l’homme préhistorique, surtout chasseur. En 1963, on aurait retrouvé une empreinte de main dans l'argile d'un individu âgé de 10 à 13 ans qui présentait une amputation de l'auriculaire très nette, un moulage a été réalisé (hélas introuvable). Ce serait la preuve que des mains étaient vraiment mutilées, mais personne n’a pu retrouver cette empreinte...  

Deuxième hypothèse : Des maladies des doigts. L'exposition au froid en est probablement la cause mais peu probable car aucun pouce n’est manquant et aucun doigt n’est déformé.


Troisième hypothèse : La plupart des mains auraient été réalisées en pliant les doigts. Il s’agirait d’une sorte de langage codé. Dans ce cas, on peut considérer que serait alors une des premières réalisations de signes d’ « écriture », une signature. C’est d’ailleurs ce que concluent les dernière recherches. C’est d’autant plus crédible que quelques exemplaires de mains « ratées » montrent bien un pliage des doigts.


Ci-contre la célèbre « main à la niche », star de Gargas, que le public peut admirer lors d’une visite, bien conservée car à l’abri dans sa petite cavité.

En discutant avec, entre autres, des tribus aborigènes sur ces réprésentations, on s’est aperçu que ces derniers ne voient pas la main comme nous, car il faut imaginer qu’en soufflant sur la paroi, la main était également peinte, on ne voyait qu’une tache. Ils voient plutôt un échange entre l’humain qui pose sa main et ce qui se cache derrière la paroi, peut-être une divinité.

Gargas se visite encore et c’est une chance pour tous les amateurs de préhistoire. Vous passerez un moment inoubliable.